jeudi 6 janvier 2011

Le monde en coupe


1998. Coupe du monde de football. Ça fait des mois qu'on nous rabache les oreilles avec ça, au point d'occulter les autres informations.

Le foot, c'est un peu comme la bagnole, ça fait ressortir des aspects obscurs des personnalités. De grands rebelles se révèlent alors de fabuleux "homo ballonrondus", reconnaissables à leurs bières et aux beuglements caractéristiques qu'ils poussent en chœur lorsque la balle réussi à feinter le gardien, ou pas. Les cris diffèrent alors, un peu comme la sirène du premier mercredi midi quand elle s'éteint. Défouloir émotionnel moderne, comme les exécutions jadis. Le foot semble alors être un moindre mal.

J'ai profondément haï les sports co' du jour où, au basket, m'apprêtant à rattraper une balle sur le point de sortir, commençant à allonger le bras, il s'est trouvé saisi, retenu en arrière par la main d'une joueuse du camp adverse, le ballon rebondissant inéluctablement à l'extérieur des limites du terrain... Je ne crois pas avoir envoyé mon autre main dans sa figure. Je me souviens bien, par contre, que l'arbitre n'a pas sifflé la faute. "Pas vue, pas prise!" Chiqué.

A quoi bon regarder des gens jouer à ne pas respecter les règles sans se faire prendre?

Et puis, l'engouement s'étend, enfle. Les filles de mon entourage s'y mettent peu à peu. Il faut dire que le sex-appeal des joueurs, leurs liens avec le monde du mannequinat (Eva Evangelista entre autres) et le glamour qui s'y rattache y joue pour beaucoup. Gentlemen footballeurs.

Le lynchage en règle d'Aimé Jacquet par les journalistes sportifs, l'acharnement qu'ils mettent à pourrir son image me pousse beaucoup plus à soutenir l'équipe. Je n'aime pas les groupes qui se renforcent en détruisant autrui. Méprisable.

La force de caractère dont il fait alors preuve, le soutien des joueurs... peut-être que ce lynchage a renforcé la cohésion du groupe ? Quand l'intégrité du groupe est remise en cause, on oublie les divergences, on se soude. Une équipe. Une vraie.

Une machine à rabattre les claques-merde. Indestructible. Parce que. 
Autre gros titre, le "black, blanc, beur" : une nouvelle recette nationale, sorte de "jambon-beurre" sportif ?

Dans l'armée, les troupes métissées c'était surtout dans la légion. Gagner sa nationalité par le "mercenariat". Gagner le respect par la victoire sportive. L'immigration choisie. Ça fait mal. Ça fait mal pour les autres, tous les autres, ceux perdus sur d'autres champs, de vraies batailles. Ça fait mal d'entendre claquer les drapeaux des nationalismes, de voir fleurir les communautarismes. Les gens font la fête, les uns contre les autres. Jusqu'à la finale. Et là, c'est un petit miracle dans Paris. Les barrières culturelles s'effondrent et la joie déferle dans les rues. La place à côté est tellement pleine de voitures qu'elles n'avancent plus. Les gens sortent de chez eux avec les enfants. On pleure, on rit, on est heureux, libres. Libres? Soulagés et fiers. Je suis fière pour eux. Même les brésiliens, pris dans la tourmente sèchent leurs larmes et se laissent emporter par la liesse. C'est la victoire du sport, le vrai. C'est beau des moments comme ça. Ça fait du bien. L'Homme est aussi capable de ça. "Aide-toi, le ciel t'aidera !"

Et puis… la tempête l'année suivante. Et puis le 11 septembre, la peur, la haine. Le profit personnel qui ronge l'économie...
Et si on changeait ?

Liliblues, Paris le 18 septembre 2010

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