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« la mimèsis de rien, c’est le jeu »
Philippe Lacoue-Labarthe
Philippe Lacoue-Labarthe
Être, hors, jeu ou être-hors-jeu: c’est littéralement sur un mode ternaire mêler et démêler selon une dialectique contrariée, l’ontologique, le sociétal et le ludique. Chacun de ces termes étant consubstantiels à l’autre. Notre ambition alors est de provoquer une insubordination, une dislocation dans cette rhétorique sage de mots, dans cette collusion systémique de concepts, dans cette suite linéaire de principes.
Ainsi être « hors jeu » : ce n’est pas être dans l’abandon ou le refus du jeu ou de ses règles mais c’est être dans le dévoiement malicieux de celui-ci et de celles-ci. C’est continuer à jouer de façon ouverte mais contradictoire, de façon affirmée mais dérisoire, de façon obvie mais têtue.
Il faut non pas jouer le jeu mais se jouer du jeu, déjouer l’enjeu.
Ce jeu et cet enjeu sont les métaphores et les champs où l’être, l’individu, la collectivité se (re)trouvent impliqués, conditionnés, soumis.
Prenant en compte ces logiques prégnantes et efficientes il nous faut se jouer de la spatialité, de la temporalité et de la ritualité selon lesquelles elles fonctionnent en les accentuant, en les déconstruisant, en les dépassant.
Se jouer de ces institutions et de ces instances idéologiques (désolé pour le pléonasme) pour déjouer une fin de partie annoncée, un coup de sifflet émis ou un carton jaune ou rouge reçu de l’arbitre du match (incarnation de la Loi). Tout cela im-posé selon une sémiurgie(*) conventionnelle, binaire et manichéenne.
Se tenir ainsi hors des visions panoptiques, des divisions totalisantes, des règles arbitrales, de l’arbitraire règlementaire, des règlements intérieurs qui organisent et structurent ces pensées doxiques, ces éthos étriqués…
Il faut donc savoir et apprendre à déborder ce cadre ainsi posé, ce socle épistémique sur lesquels justement reposent les lieux communs, les habitus (**) sociétaux, les bienséances circonstancielles. Il faut savoir et apprendre la tricherie salvatrice, la rhétorique du geste, l’idéologie du détour et recouvrer cette « mètis »(***) antique en l’actualisant et en l’adaptant à nos espaces postmodernes autrement dit erratiques, anachroniques et anomiques.
Tout en demeurant grégaire sans être ni dans le troupeau ni dans la meute.
Hors-jeu, en cela sera un titre ludique, un intitulé sous forme de trope, un principe de décentrement, une intention programmatique, une posture intellectuelle. Il sera surtout un espace, un support, et un moyen de réflexion et d’expression pour précisément en finir...et recommencer...avec notre monde contemporain.
(*) Tout comme la démiurgie qui naguère, à ces epoques où le sacré faisait foi organisait le monde selon la volonté des dieux, la sémiurgie est désormais, depuis la généralisation des moyens de production et d’information de masse, l’action selon laquelle le signe (en tant que représentation, en tant que marchandise, en tant qu’objet virtuel) fait loi et structure le réel.
(**) Depuis Aristote en passant par Norbert Elias jusqu’à Pierre Bourdieu, c’est la façon dont l’individu ou un groupe font correspondre leurs gestes, leurs comportements, leurs idées à un ensemble de règles et de normes propre à une société (au sens de classe et de culture).
(***) Chez les grecs, Métis était l’incarnation de la sagesse et de l’intelligence rusée
Ainsi être « hors jeu » : ce n’est pas être dans l’abandon ou le refus du jeu ou de ses règles mais c’est être dans le dévoiement malicieux de celui-ci et de celles-ci. C’est continuer à jouer de façon ouverte mais contradictoire, de façon affirmée mais dérisoire, de façon obvie mais têtue.
Il faut non pas jouer le jeu mais se jouer du jeu, déjouer l’enjeu.
Ce jeu et cet enjeu sont les métaphores et les champs où l’être, l’individu, la collectivité se (re)trouvent impliqués, conditionnés, soumis.
Prenant en compte ces logiques prégnantes et efficientes il nous faut se jouer de la spatialité, de la temporalité et de la ritualité selon lesquelles elles fonctionnent en les accentuant, en les déconstruisant, en les dépassant.
Se jouer de ces institutions et de ces instances idéologiques (désolé pour le pléonasme) pour déjouer une fin de partie annoncée, un coup de sifflet émis ou un carton jaune ou rouge reçu de l’arbitre du match (incarnation de la Loi). Tout cela im-posé selon une sémiurgie(*) conventionnelle, binaire et manichéenne.
Se tenir ainsi hors des visions panoptiques, des divisions totalisantes, des règles arbitrales, de l’arbitraire règlementaire, des règlements intérieurs qui organisent et structurent ces pensées doxiques, ces éthos étriqués…
Il faut donc savoir et apprendre à déborder ce cadre ainsi posé, ce socle épistémique sur lesquels justement reposent les lieux communs, les habitus (**) sociétaux, les bienséances circonstancielles. Il faut savoir et apprendre la tricherie salvatrice, la rhétorique du geste, l’idéologie du détour et recouvrer cette « mètis »(***) antique en l’actualisant et en l’adaptant à nos espaces postmodernes autrement dit erratiques, anachroniques et anomiques.
Tout en demeurant grégaire sans être ni dans le troupeau ni dans la meute.
Hors-jeu, en cela sera un titre ludique, un intitulé sous forme de trope, un principe de décentrement, une intention programmatique, une posture intellectuelle. Il sera surtout un espace, un support, et un moyen de réflexion et d’expression pour précisément en finir...et recommencer...avec notre monde contemporain.
(*) Tout comme la démiurgie qui naguère, à ces epoques où le sacré faisait foi organisait le monde selon la volonté des dieux, la sémiurgie est désormais, depuis la généralisation des moyens de production et d’information de masse, l’action selon laquelle le signe (en tant que représentation, en tant que marchandise, en tant qu’objet virtuel) fait loi et structure le réel.
(**) Depuis Aristote en passant par Norbert Elias jusqu’à Pierre Bourdieu, c’est la façon dont l’individu ou un groupe font correspondre leurs gestes, leurs comportements, leurs idées à un ensemble de règles et de normes propre à une société (au sens de classe et de culture).
(***) Chez les grecs, Métis était l’incarnation de la sagesse et de l’intelligence rusée